1)
Une maison
un jardin
une cheminée
un soleil souriant
des hirondelles
et les fenêtres jamais fermées
C'est ainsi
que je t'ai rêvée
et limitée entre l'école et le seuil
du foyer
ô ma terre
Tu avais l'odeur de la gomme
et du thé
la saveur du pain nu à l'heure du goûter
la naïveté
des quartiers affamés
Et tu étais fascinante
tellement fascinante
Ou c'est ainsi que je t'ai dessinée
quand j'étais une hirondelle
qui ne battait pas encore des ailes
ô ma terre
Qu'il est amer
de t'évoquer maintenant
non pas pour garder ton souvenir
mais
pour que mon sang m'assassine
et m'immortalise dans les abysses de l'agonie
Combien j'ai couru en toi
dans mon quartier pauvre
il y avait des papillons
des fêtes
de l'oppression
et une longue nuit
O toi !
ô blessure que je porte
et avec laquelle je flue!
voici que je jette tous mes beaux rêves
d'autrefois
ainsi que ma mémoire révolue
Et malgré toi
j'ai le droit de t'appartenir
le droit de porter ta poussière
dans mes veines
et le droit
une fois mort
de répandre mes cendres
sur tes domaines
O ma terre !
je te réveille
je t'éveille
et je m'éteins
Et je peux t'arracher de mes entrailles
et je peux ne voir dans tes yeux
que la répression
les larmes
et les prisons
les guillotines dans tes bras
Je peux ne voir en toi
que malheurs
et embarras
Et je peux te ressusciter
de la rouille de ma mémoire
à l'image d'une hirondelle-papillon
avec les flancs d'une femme
et la queue d'un paon
En chantant
ma terre est fascinante
tellement fascinante
2)
Les rafales dans le coeur
raflent tous les désirs ,
les souvenirs
et ce que la pureté de l'enfance a délaissé
Tu saignes à flots
comme si le temps t'avait arrachée
de mes jugulaires
Te souviens-tu de moi ?
Marchant à tes pieds comme un bon chien
en te lorgnant
sans m'ennuyer
j'attendais ?
Ou riant de toutes mes dents
quand tu m'abandonnais
et mon rêve devint
vain ?
Entre toi et toi
il y a des forêts de potences
Et entre moi et moi
la mort se propage
et les hirondelles se suicident
Te pavanes-tu encore
transpirant
le henné et la lavande ?
Tes vierges sont-elles encore exposées
à la vente
au don
et au viol ?
Accouches-tu encore
malgré
les enterrements des nouveau-nés
la famine qui dévore
et les maladies ?
Le fouet est-il encore
ton drapeau
et la prison ton identité ?
Tes matinées sont-elles
encore charmantes
et tes soirées
donnent-elles encore envie de te quitter ?
L'être qui survit en toi
est-il encore loin d'ÊTRE ?
Je ne peux que chanter :
ma terre est fascinante
tellement fascinante
3)
Et voici venu le quatrième automne
sans printemps
Paris
danse discrètement derrière les fenêtres fermées
les murailles des cimetières
et les bars
Pourquoi en te quittant
me suis-je quitté ?
Était-ce une renaissance ?
une neutralité ?
Ou bien
une chute sans fin
dans le tourbillon de la lâcheté ?
Je cours
pour me fuir vers moi-même
je vire ...
je m'essouffle sans jamais y parvenir
Et quand je poursuis ma mort
je me déchire
comme une vague cernée par des rochers
Je me faufile
mais
je n'atteins que du sable
qui dessèche ce que le déchirement a laissé
Tu es le siège
tu es l'abîme
tu es le feu
et je ne peux
Que t'aimer en silence
mourir en silence
comme les feuilles des arbres
Ou me traîner vers l'indéterminé
un printemps qui n'arrivera peut-etre
jamais
un avenir assassiné
ou jusqu'à l'éternité
Me voici
fuyant moi-même vers moi-même
et Paris
témoigne que je me suis égaré
loin de moi
loin de toi
Comme si des milliers de vagues me ballottaient
à chaque fois
je me fatigue et je me noie
puis
je flotte et je m'envole
Comme un oiseau marin
ou un poisson volant
Mon coeur est ma boussole
mes pas sont mes voiles
et les vents sont :
l'envie
l'affliction
et la douleur !
4)
Paris est un gouffre
et moi
je traverse ce qui me sépare de moi
et je me jette :
Je m'abandonne
je m'étends
je laboure ses coins brûlants
sans me brûler
Je pénètre ses steppes
je rayonne
je m'enfonce
et je jure de ne plus te revoir
pardonne-moi
Une maison
un jardin
une cheminée
un soleil souriant
des hirondelles
et les fenêtres jamais fermées
C'est ainsi
que je t'ai rêvée
et limitée entre l'école et le seuil
du foyer
ô ma terre
Tu avais l'odeur de la gomme
et du thé
la saveur du pain nu à l'heure du goûter
la naïveté
des quartiers affamés
Et tu étais fascinante
tellement fascinante
Ou c'est ainsi que je t'ai dessinée
quand j'étais une hirondelle
qui ne battait pas encore des ailes
ô ma terre
Qu'il est amer
de t'évoquer maintenant
non pas pour garder ton souvenir
mais
pour que mon sang m'assassine
et m'immortalise dans les abysses de l'agonie
Combien j'ai couru en toi
dans mon quartier pauvre
il y avait des papillons
des fêtes
de l'oppression
et une longue nuit
O toi !
ô blessure que je porte
et avec laquelle je flue!
voici que je jette tous mes beaux rêves
d'autrefois
ainsi que ma mémoire révolue
Et malgré toi
j'ai le droit de t'appartenir
le droit de porter ta poussière
dans mes veines
et le droit
une fois mort
de répandre mes cendres
sur tes domaines
O ma terre !
je te réveille
je t'éveille
et je m'éteins
Et je peux t'arracher de mes entrailles
et je peux ne voir dans tes yeux
que la répression
les larmes
et les prisons
les guillotines dans tes bras
Je peux ne voir en toi
que malheurs
et embarras
Et je peux te ressusciter
de la rouille de ma mémoire
à l'image d'une hirondelle-papillon
avec les flancs d'une femme
et la queue d'un paon
En chantant
ma terre est fascinante
tellement fascinante
2)
Les rafales dans le coeur
raflent tous les désirs ,
les souvenirs
et ce que la pureté de l'enfance a délaissé
Tu saignes à flots
comme si le temps t'avait arrachée
de mes jugulaires
Te souviens-tu de moi ?
Marchant à tes pieds comme un bon chien
en te lorgnant
sans m'ennuyer
j'attendais ?
Ou riant de toutes mes dents
quand tu m'abandonnais
et mon rêve devint
vain ?
Entre toi et toi
il y a des forêts de potences
Et entre moi et moi
la mort se propage
et les hirondelles se suicident
Te pavanes-tu encore
transpirant
le henné et la lavande ?
Tes vierges sont-elles encore exposées
à la vente
au don
et au viol ?
Accouches-tu encore
malgré
les enterrements des nouveau-nés
la famine qui dévore
et les maladies ?
Le fouet est-il encore
ton drapeau
et la prison ton identité ?
Tes matinées sont-elles
encore charmantes
et tes soirées
donnent-elles encore envie de te quitter ?
L'être qui survit en toi
est-il encore loin d'ÊTRE ?
Je ne peux que chanter :
ma terre est fascinante
tellement fascinante
3)
Et voici venu le quatrième automne
sans printemps
Paris
danse discrètement derrière les fenêtres fermées
les murailles des cimetières
et les bars
Pourquoi en te quittant
me suis-je quitté ?
Était-ce une renaissance ?
une neutralité ?
Ou bien
une chute sans fin
dans le tourbillon de la lâcheté ?
Je cours
pour me fuir vers moi-même
je vire ...
je m'essouffle sans jamais y parvenir
Et quand je poursuis ma mort
je me déchire
comme une vague cernée par des rochers
Je me faufile
mais
je n'atteins que du sable
qui dessèche ce que le déchirement a laissé
Tu es le siège
tu es l'abîme
tu es le feu
et je ne peux
Que t'aimer en silence
mourir en silence
comme les feuilles des arbres
Ou me traîner vers l'indéterminé
un printemps qui n'arrivera peut-etre
jamais
un avenir assassiné
ou jusqu'à l'éternité
Me voici
fuyant moi-même vers moi-même
et Paris
témoigne que je me suis égaré
loin de moi
loin de toi
Comme si des milliers de vagues me ballottaient
à chaque fois
je me fatigue et je me noie
puis
je flotte et je m'envole
Comme un oiseau marin
ou un poisson volant
Mon coeur est ma boussole
mes pas sont mes voiles
et les vents sont :
l'envie
l'affliction
et la douleur !
4)
Paris est un gouffre
et moi
je traverse ce qui me sépare de moi
et je me jette :
Je m'abandonne
je m'étends
je laboure ses coins brûlants
sans me brûler
Je pénètre ses steppes
je rayonne
je m'enfonce
et je jure de ne plus te revoir
pardonne-moi