Mes bras sont tel un trottoir gelant
et le coeur
est tellement desséché
que la rouille des pas l'écrase
Alors
laisse-moi rivaliser avec mon ombre
jusqu'aux ténèbres
les plus profondes de la mort
Laisse-moi
dépouiller mon cuir chevelu
ainsi que ma mémoire
mon mirage
et mon écho
Laisse-moi
assiéger le restant de noblesse
dans mon pouls
et décomposer mes tissus
en leurs poussières divines
Ou serre-moi contre ton sein gauche
là où la mort est enivrement
là où les ténèbres sont douces
comme les plumes de gangas
[Comment nous sommes venus l'un à l'autre / Peu importe / Mais comment nous sommes-nous noyés l'un dans la plaie de l'autre / Et avons-bu des miroirs de la mort notre ombre assassinée / Pour pouvoir vivre notre mort inévitable / Sans mourir / Ou pour mourir sans laisser de larmes dans nos yeux / Qui vont rester dans les miroirs à évoquer le passé et à rêver d'un monde de colombes et de papillons ? / comment notre fierté nous a-t-elle trahis ? / Et comment avons-nous trahi nos clans et nous sommes-nous fiés à un temps qui n'est pas le nôtre / Sur une terre sans pulsation / Qui pompe son sang blanc de notre veine de pétrole notre veine de blé ou notre veine qui trime sous-payée / Cette terre qui nous donne à choisir entre trahir nos pas ou être trahis par le chemin / O camarade nous ne possédons que notre déception et un brin d'oubli / Alors trouve-nous l'horizon autre part que dans l'horizon / Dans les résidus du verre dans l'odeur des aisselles et dans nos coins souffrant de privations / Trouve-le-nous dans des paroles qui ne ressemblent pas aux paroles / Dans les avalanches de répression qui s'insinuent dans la moelle comme une bactérie / Et creusent dans le coeur et le cerveau leur abri ...¤
Apprends-moi comment me perdre
ou comment humer l'horizon
de tes lèvres ?
Apprends-moi comment fondre en toi
et rayonner
sans identité
et sans souvenir
Apprends-moi
comment m'enivrer de ta grandeur
sans que ma patrie me manque
et sans que je la vois
telle une boucherie
Apprends-moi comment m'endurcir
apprends-moi
comment plier les voiles
et ancrer
Ou serre-moi contre ta taille
en silence
contre ta chaleur rose
contre ton herbe fraîche
comme les grains de la rosée
[Que je te plains / Tu as embarrassé mon désir / est-ce que tous les hommes te ressemblent / Ou est-ce que tous les hommes sont en toi / Comment as-tu pu quand je t'ai proposé mon corps papillonner derrière moi en criant : Voilà mon courrier pour ma patrie captive et mes camarades martyrs / Quand fermeras-tu ta patrie tel un sac poubelle et la jetteras-tu dans une décharge / Pour que nous puissions vivre enfin notre bannissement en paix / Sans la brûlure d'une liaison ou la déchirure d'un lien / Ainsi je te vois te propager en toi-même et couler dans tes caprices / Tu veilles autour de moi pour raconter pleurer et pourchasser ceux qui t'ont banni et les papillons de nuit / Qu'est-ce qui t'a pris / Tu as éveillé en moi la nostalgie de ce que j'avais oublié / Tu as réveillé dans mon sang le désir du suicide / Ainsi je me vois danser sur une corde qui te masse le cou et m'excite / Appelle-moi de tous ces noms que tu cries jusqu'à l'aube / Pleure comme tu ne l'as jamais fait / enivre-toi de ma grandeur comme tu le désires / Et prends-moi pour que nous puissions oublier ensemble que nous ne sommes que deux étrangers rejetés par leur patrie ...¤
Voilà que j'accroche mon ombre
sur ton silence
et que je rayonne
nu de moi-même
tel un avorton
ou un néant
Séparé de mon nom
et du sein qui a arrosé les gloires
de mon sang
Alors
couvre-moi de toutes tes forces
et cerne-moi
de ton oubli
pour que je puisse oublier
Tu es ma racine
mon mur
et mon port
Je n'ai nul soutien
hormis tes mains
quand elles vaguent sur mon corps
[Suppose que ma plaie soit plus profonde que tes yeux / Suppose qu'elle soit plus large que ce vide qui nous entoure / Plus amère et plus dure que ces rochers qu'ils ont roulés pour emmurer notre horizon / Plus amère et plus dure que toutes les chaînes qui nous ont alourdis le pas / Et toutes les défaites / Toutes les blessures et toutes les plaies / Plus amère et plus dure / Alors comment veux-tu que l'horizon soit dans mes lèvres / Comment veux-tu que je sois ton mur moi qui n'ai pas de racine / Comment veux-tu que je sois ton appui / Et puis pourquoi toute cette comédie / Pourquoi ne pas battre nos haines l'une contre l'autre / Revenir au sein pour le téter malgré ce sevrage hideux / Pendre ceux qui s'en emparent et l'usurpent / Et puis nous crever les yeux et nous égarer sans souci et sans méfait...¤
Je suis fatigué des rêves
et des espérances
Je suis fatigué de ce vertige incessant
de cette mamelle qui me désire
et de ce sein que je désire
Je suis fatigué
de cette nuit qui ne s'achève pas
De ce silence
et de toute parole...†
[Alors
appuie-toi sur mon exil
suce mon pouce
et dors...¤
et le coeur
est tellement desséché
que la rouille des pas l'écrase
Alors
laisse-moi rivaliser avec mon ombre
jusqu'aux ténèbres
les plus profondes de la mort
Laisse-moi
dépouiller mon cuir chevelu
ainsi que ma mémoire
mon mirage
et mon écho
Laisse-moi
assiéger le restant de noblesse
dans mon pouls
et décomposer mes tissus
en leurs poussières divines
Ou serre-moi contre ton sein gauche
là où la mort est enivrement
là où les ténèbres sont douces
comme les plumes de gangas
[Comment nous sommes venus l'un à l'autre / Peu importe / Mais comment nous sommes-nous noyés l'un dans la plaie de l'autre / Et avons-bu des miroirs de la mort notre ombre assassinée / Pour pouvoir vivre notre mort inévitable / Sans mourir / Ou pour mourir sans laisser de larmes dans nos yeux / Qui vont rester dans les miroirs à évoquer le passé et à rêver d'un monde de colombes et de papillons ? / comment notre fierté nous a-t-elle trahis ? / Et comment avons-nous trahi nos clans et nous sommes-nous fiés à un temps qui n'est pas le nôtre / Sur une terre sans pulsation / Qui pompe son sang blanc de notre veine de pétrole notre veine de blé ou notre veine qui trime sous-payée / Cette terre qui nous donne à choisir entre trahir nos pas ou être trahis par le chemin / O camarade nous ne possédons que notre déception et un brin d'oubli / Alors trouve-nous l'horizon autre part que dans l'horizon / Dans les résidus du verre dans l'odeur des aisselles et dans nos coins souffrant de privations / Trouve-le-nous dans des paroles qui ne ressemblent pas aux paroles / Dans les avalanches de répression qui s'insinuent dans la moelle comme une bactérie / Et creusent dans le coeur et le cerveau leur abri ...¤
Apprends-moi comment me perdre
ou comment humer l'horizon
de tes lèvres ?
Apprends-moi comment fondre en toi
et rayonner
sans identité
et sans souvenir
Apprends-moi
comment m'enivrer de ta grandeur
sans que ma patrie me manque
et sans que je la vois
telle une boucherie
Apprends-moi comment m'endurcir
apprends-moi
comment plier les voiles
et ancrer
Ou serre-moi contre ta taille
en silence
contre ta chaleur rose
contre ton herbe fraîche
comme les grains de la rosée
[Que je te plains / Tu as embarrassé mon désir / est-ce que tous les hommes te ressemblent / Ou est-ce que tous les hommes sont en toi / Comment as-tu pu quand je t'ai proposé mon corps papillonner derrière moi en criant : Voilà mon courrier pour ma patrie captive et mes camarades martyrs / Quand fermeras-tu ta patrie tel un sac poubelle et la jetteras-tu dans une décharge / Pour que nous puissions vivre enfin notre bannissement en paix / Sans la brûlure d'une liaison ou la déchirure d'un lien / Ainsi je te vois te propager en toi-même et couler dans tes caprices / Tu veilles autour de moi pour raconter pleurer et pourchasser ceux qui t'ont banni et les papillons de nuit / Qu'est-ce qui t'a pris / Tu as éveillé en moi la nostalgie de ce que j'avais oublié / Tu as réveillé dans mon sang le désir du suicide / Ainsi je me vois danser sur une corde qui te masse le cou et m'excite / Appelle-moi de tous ces noms que tu cries jusqu'à l'aube / Pleure comme tu ne l'as jamais fait / enivre-toi de ma grandeur comme tu le désires / Et prends-moi pour que nous puissions oublier ensemble que nous ne sommes que deux étrangers rejetés par leur patrie ...¤
Voilà que j'accroche mon ombre
sur ton silence
et que je rayonne
nu de moi-même
tel un avorton
ou un néant
Séparé de mon nom
et du sein qui a arrosé les gloires
de mon sang
Alors
couvre-moi de toutes tes forces
et cerne-moi
de ton oubli
pour que je puisse oublier
Tu es ma racine
mon mur
et mon port
Je n'ai nul soutien
hormis tes mains
quand elles vaguent sur mon corps
[Suppose que ma plaie soit plus profonde que tes yeux / Suppose qu'elle soit plus large que ce vide qui nous entoure / Plus amère et plus dure que ces rochers qu'ils ont roulés pour emmurer notre horizon / Plus amère et plus dure que toutes les chaînes qui nous ont alourdis le pas / Et toutes les défaites / Toutes les blessures et toutes les plaies / Plus amère et plus dure / Alors comment veux-tu que l'horizon soit dans mes lèvres / Comment veux-tu que je sois ton mur moi qui n'ai pas de racine / Comment veux-tu que je sois ton appui / Et puis pourquoi toute cette comédie / Pourquoi ne pas battre nos haines l'une contre l'autre / Revenir au sein pour le téter malgré ce sevrage hideux / Pendre ceux qui s'en emparent et l'usurpent / Et puis nous crever les yeux et nous égarer sans souci et sans méfait...¤
Je suis fatigué des rêves
et des espérances
Je suis fatigué de ce vertige incessant
de cette mamelle qui me désire
et de ce sein que je désire
Je suis fatigué
de cette nuit qui ne s'achève pas
De ce silence
et de toute parole...†
[Alors
appuie-toi sur mon exil
suce mon pouce
et dors...¤