PÉNOMBRE

Ton cheveu blanc, s'étend, lentement, madame, et se détend, au fond de ma nuit.
Et tel la jument, il m'emporte sur ses flancs, poursuit les vents, et m'épanouit.
Ton cheveu blanc, sent le henné, le blé, l'encens, la Méditerranée, rayonne et luit.
Ton cheveu blanc, rentre en transe, brusquement, miroite mon enfance, et m'éblouit.
Est-il vraiment ta joie, ce cheveu blanc, tel qu'il se vois? Est-il, vraiment, inouï?
Ou est-il, seulement, l'effroi, la peine de tes peines, à la fois, et le pire de tes ennuis?
Ton cheveu blanc, prétend, qu'il est à toi, madame, il ment, regarde bien, comme il m'a réduit.
Ton cheveu blanc, crois-moi, il y a bien longtemps, qu'il m'a banni après m'avoir séduit.
Il était, autant, pour moi, pour l'enfant que j'étais, que la foi, le rêve pour Orphée, que l'amour qui l'a détruit.
Il était, autant, pour moi, pour l'adolescent que j'étais, que l'Éden, Eve pour Adam, que le serpent et le fruit.
Il a traîné mes sentiment, arraché mon coeur d'entre les poumons, l'a déchiré et jouit.
Il m'a entraîné, tel le démon, dans la volupté, auparavant, il m'a corrompu et s'est réjouit.
Ton cheveu blanc, me tient, encore une fois, aujourd'hui, il ne prévient point, il s'abat, sans le moindre bruit.
Et je n'ai aucun soutient, esseulé, encore une fois, apeuré et sans choix, je m'accroche aux cheveux d'autrui.
Ton cheveu blanc, madame, n'est qu'illusion, vision, ton cheveu blanc, désolé, n'est que tourment et tout ce qui s'ensuit.
Ton cheveu blanc, madame, me fait l'effet de l'aimant, du tourbillon, il me détient, me hante. Il me poursuit.
Et, ton cheveu blanc madame, n'est pas aussi blanc, que tu crois, il est pourri, flétri, et gris, et franchement il m'ennuie.
Et ton cheveu blanc madame, n'est que goudron, poix et drame, n'est qu'amertume bien aiguisée ou lame, il m'immole et me nuit
Hé madame, votre cheveu blanc là, vient de tombé, sur mon veston, voulez-vous le récupérer, ou je le détruis?!
Jamal Khaïri